Wilfried Gay 💬

Wilfried Gay

En procès :

À Nevers (58) – le 20/12/2019

Témoignage :

Pourquoi décrocher le portrait de Macron ? La pensée qui raisonne dans mon esprit depuis bien longtemps est: « l’humain est en train de s’autodétruire en détruisant le seul environnement dans lequel il peut évoluer pour vivre » Ce système de recherche permanente de profits financiers au détriment de la nature et des êtres humains met à mal notre vie commune : le capitalisme nous tue.

Je m’appelle Wilfried. J’ai 38 ans. Le 20 décembre prochain, avec Marion, Marie-Claire et Karima, je vais comparaître pour la première fois devant un Tribunal.

Notre délit ? Avoir le 24 Juillet 2019, soustrait 2 portraits du Président de La République Emmanuel Macron, des mairies de Magny-Cours et Gimouille (Nièvre).

Pourquoi décrocher le portrait de Macron ? La pensée qui raisonne dans mon esprit depuis bien longtemps est: « l’humain est en train de s’autodétruire en détruisant le seul environnement dans lequel il peut évoluer pour vivre » Ce système de recherche permanente de profits financiers au détriment de la nature et des êtres humains met à mal notre vie commune : le capitalisme nous tue.

Je milite depuis plus de 8 ans dans des espaces politiques et citoyens. En juillet dernier, j’ai rejoint ANV-COP21; le critère de non-violence étant fondamental pour moi dans mes engagements, je me suis retrouvé dans ce principe. Le pouvoir politique en place n’entend pas les colères, les mobilisations,les revendications. C’est pourquoi, face à l’urgence climatique et sociale d’autres formes d’actions s’imposent. La désobéissance civile me parait légitime pour interpeller les citoyens et les pouvoirs politiques.La campagne nationale « Décrochons Macron », vise à décrocher 125 portraits présidentiels (correspondant au nombre de jours qu’il a fallu cette année à la France pour dépasser son empreinte écologique) dans le but d’interpeller le Président de la République et le Gouvernement sur leur inaction en matière climatique et sociale. En septembre 2018, Monsieur Macron reçoit de l’ONU le prix de « Champion de la Terre » : un titre récompensant la diplomatie mais certainement pas les actes.
Dans le discours du Président, « L’acte 2 du quinquennat sera centré sur l’écologie » avec la création du Haut Conseil pour le climat, du Conseil de défense écologique, la mise en place d’une Convention citoyenne pour le climat : autant de « coups de com’ » et d’effets d’annonces qui aujourd’hui ne suffisent pas face à l’urgence climatique. Face à L’Affaire du Siècle où 4 ONG avec le soutien de plus de 2 millions de personnes ont décidé d’attaquer l’État français en justice pour qu’il respecte ses engagements climatiques, la réponse du Gouvernement a été : « Nous récusons l’accusation d’inaction climatique »

Et pourtant en France, les mesures prises par nos représentants politiques ne suffisent pas face à ce qu’impose l’urgence climatique : retard sur les objectifs climatiques, accord sur le CETA , suppression de la ligne Perpignan-Rungis qui va remettre sur la route des dizaines de milliers de camions par an, report de l’interdiction du glyphosate sous pression des lobbies, privatisation des barrages hydrauliques, privatisation d’ADP, dépassement du seuil européen de dioxyde d’azote… Tous les effets de manche de ce Gouvernement ne sont là que pour faire gagner du temps, en retardant ainsi les délais pour agir concrètement.

Mais aujourd’hui, nous n’avons plus le temps.

Les alertes du GIEC et des chercheurs en biodiversité qui résonnent depuis une trentaine d’années sont aujourd’hui des cris d’alarme. 1/3 des espèces végétales et animales sont menacées de disparition. Si je prends l’exemple des espèces de singes : sur les 504 répertoriées à travers le monde, les ¾ sont en déclin et 60% en risque d’extinction à cause de la destruction de leur habitat par l’Homme. Un autre exemple les abeilles, dont scientifiques comme apiculteurs constatent le déclin, avec des taux de mortalité alarmants qui ont pour conséquence une baisse drastique de la production de miel (du jamais vu en 70 ans), le plus inquiétant étant que sans abeilles, pas de pollinisation. L’abeille contribue à la reproduction de 80% des espèces de plantes à fleurs : c’est donc une alliée indispensable dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et de notre agriculture ; sa disparition laisse entrevoir des conséquences catastrophiques notamment sur le plan alimentaire. Il s’avère que la perte de la biodiversité constatée est majoritairement imputable à l’activité humaine : au cours du dernier siècle, le rythme des extinctions des espèces a été + de 100 fois supérieur au rythme qu’il aurait été sans l’activité humaine.

Voici le futur qui se dessine inéluctablement si les dirigeants de ce monde continuent de pas prendre de mesures radicales qui s’imposent face à l’urgence climatique et sociale : catastrophes climatiques extrêmes, disparition de milliers d’espèces végétales et animales, déplacements forcés des populations… toutes les conséquences de cette crise climatique toucheront les populations les plus pauvres et les moins responsables de cette crise.Des scientifiques osent même affirmer que sans réaction immédiate, nous allons vers une 6ème extinction de masse. L’Humain fera-t-il partie des survivants ? Et dans quelles conditions ? Face à cette urgence, comme de nombreux citoyens d’ici et à travers le monde, il ne m’était pas possible de rester sans rien faire. J’ai donc décidé d’interpeller la population et les responsables politiques par cet acte symbolique et non-violent.

Le monde d’aujourd’hui est si merveilleusement fait que pour un portrait à 9.90€ pièce, je risque 5 ans de prison et 75 000 € d’amende tandis que pour exterminer les espèces vivantes, les dirigeants de ce monde ne risquent rien. Mais peu importe les risques que j’encours, tant que l’inaction climatique et l’injustice sociale seront les marqueurs des politiques des gouvernants, je continuerai d’agir légitimement dans les actions non-violentes pour alerter dans l’intérêt de tous.

Ensemble faisons du 20 Décembre le procès de l’inaction climatique et sociale du Gouvernement de Macron. Changeons le système, pas le climat !