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Pierre

Pierre

En procès :

À Reims (51) – le 16/02/2021

TĂ©moignage :

Bon, pourquoi je me retrouve en procès dans quelques jours pour un vol en rĂ©union commis avec des acolytes que je ne connaissais mĂŞme pas quelques mois auparavant pour certains ?

Je crois que c’est venu très progressivement et que cela s’est imposé à la fin.

Depuis longtemps en contact avec la nature : citadin enfant mais engagĂ© dans le scoutisme, j’ai pu y dĂ©couvrir diffĂ©rents milieux naturels Ă  travers la vie quotidienne (camping, froissartage, …) et les activitĂ©s (canoĂ«, escalade, randonnĂ©e, spĂ©lĂ©ologie…).

Campagnard depuis 30 ans avec un grand jardin, j’ai plantĂ© de nombreux arbres que j’ai vu progressivement ĂŞtre envahis par diffĂ©rents ravageurs : mouche de la pomme, ver de la cerise, fraisiers, muriers, poiriers…, seules les groseilles et la rhubarbe semblent Ă©pargnĂ©es, mĂŞme les noyers sont affectĂ©s… par la mouche du brou de noix ! Insecte originaire d’AmĂ©rique du nord arrivĂ© dans le sud est de la France en 2007, il se rĂ©pand progressivement dans le pays…

Amateur de sports natures (VTT, kayak, course d’orientation, escalade,ski de fond…), et heureux papa de 3 enfants, j’ai essayĂ© de les embarquer dans mes passions, et nous faisions du ski de fond tous les ans dans la « Montagne Â» de Reims Ă  cĂ´tĂ© de chez nous (300 m d’altitude) et très rĂ©gulièrement du patin Ă  glace sur les mares , voire le canal certaines annĂ©es ! Il y avait de vraies pĂ©riodes de grand froid avec des tempĂ©ratures nĂ©gatives dans la durĂ©e. L’hiver dernier, on a grattĂ© une fois les pare-brise, et Ă  l’inverse je n’ai jamais vu un sol aussi sec qu’en septembre 2020 !

Avec l’arrivĂ©e de nos enfants, je me suis aussi progressivement intĂ©ressĂ© Ă  notre alimentation, au local, au bio…, dans la marne, ce n’est pas gagnĂ© ! Nous avons adhĂ©rĂ© Ă  une AMAP, puis rĂ©cemment un maraĂ®chage bio a ouvert Ă  6 kms de chez nous, j’y vais Ă  vĂ©lo chercher de magnifiques lĂ©gumes (merci les Jardins du Marais !). Depuis 10 ans mon travail est plus proche (12 kms), et j’essaye d’aller bosser le plus possible en vĂ©lo, aidĂ© par les progrès technologiques : dynamo moyeu et lumière puissante, et maintenant en vĂ©lo Ă©lectrique (d’occasion !), j’y parviens quotidiennement. Nos vacances : en camping depuis toujours, en cyclo-camping depuis 7 ans ; nous sommes Ă©galement dĂ©sormais clients d’une banque Ă©thique.

De plus en plus inquiet au fil des informations scientifiques et de mes ressentis, j’ai essayĂ© d’agir Ă  mon niveau, mais avec un sentiment grandissant que cela ne suffira pas. Peut-ĂŞtre aussi en lien avec cette hĂ©sitation Ă  se projeter que je perçois dans la gĂ©nĂ©ration des jeunes adultes, une sorte d’inquiĂ©tude sourde sur l’avenir que « nous Â» n’avions pas (travail/voiture/maison/enfants), et qui semble leur faire reculer l’âge de fonder une famille.

Le tour Alternatiba 2018 est passĂ© dans notre village, et j’ai compris que l’on pouvait essayer de faire pression sans violence sur ceux qui ont les moyens d’agir : banques, entreprises… J’y ai vu un prolongement naturel de mes engagements et ai commencĂ© Ă  militer en participant Ă  la crĂ©ation d’un groupe local et en ciblant la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale au dĂ©marrage.

L’étape décrochage et réquisition était moins naturelle pour moi, et j’ai pris le temps de bien y réfléchir, mais je ressens de + en + l’urgence d’agir pour les générations suivantes, ainsi que pour ceux qui sont en précarité et ont moins les moyens de le faire, tout en subissant de plein fouet les changements climatiques. Ils en seront les premières victimes en vivant la précarité énergétique dans des logements ou des habitats indignes.

Je voudrais que les puissants, qui ont de vrais leviers pour agir, ressentent Ă©galement cette URGENCE et s’engagent rĂ©ellement dans la lutte contre le rĂ©chauffement climatique, et pour la justice sociale, en tenant leurs engagements !