Anne-Marie
En procès :
À Valence – le 13 novembre 2020
Témoignage :
En procès , debout et déterminée !
Institutrice ayant exercé pendant une trentaine d’années, mère et mariée, me voici convoquée au tribunal de Valence le 13 novembre 2020 , accusée de « vol en réunion » du portrait officiel de M. Macron dans une mairie.
Être institutrice engage auprès des enfants et notamment lors de mes missions favorites qui me semblent à l’heure d’aujourd’hui indispensables : leur transmettre la joie de jardiner, d’observer et étudier les « petites bêtes » qu’il faut relâcher bien vite dans la nature, les initier aux gestes du recyclage, à les aider à diversifier leurs goûts culinaires ; à écouter, sentir et observer les merveilles de la nature lors de sorties scolaires … autant de joies qui me sont et m’ont été données par l’étonnement et l’enthousiasme qu’ils provoquent !
Mais s’occuper d’enfants qui auront tout à souffrir des irresponsabilités politiques interrogent ma conscience professionnelle voire ma conscience tout court.
Comment osent-ils continuer ce vieux monde ? Comment osent-ils ?
Quelle est la logique du décrochage d’un portrait à 9,90 € et la revendication de mesures politiques
courageuses et urgentes ?
Lasse de signer comme tant d’autres les innombrables pétitions, – dont celles de L’Affaire du siècle à plus de2 millions de voix-; lasse de participer aux marches pour le climat et d’être copieusement ignorée ; lasse de subir la répression ou l’interdiction du droit de manifester, lasse d’entendre s’égosiller en vain les ONG et les associations pour dénoncer, alerter sur la destruction du monde du Vivant et de la casse de l’organisation sociale et solidaire , que reste-t-il à la citoyenne et fonctionnaire d’une République en déliquescence ?
C’est là que l’action collective et géniale d’ANV-Cop21 « Décrochons Macron » intervient ! Officiellement lancée en février 2019 , elle dénonce le vide politique du gouvernement face aux enjeux sociaux et climatiques. Son ingéniosité se mesure à l’aune de la violence policière et judiciaire qui s’ensuit, sous le prétexte opportuniste d’un État d’urgence contre le terrorisme, décrété en 2015, et qui se prolonge dangereusement.
Pourtant ce portrait n’est en rien obligatoire dans les mairies, il relève d’une tradition républicaine du 19ième siècle ! Aucun maire ne peut être pénalement poursuivi pour ne pas l’avoir affiché. Vous pouvez vous marier, naître et mourir sans ce portrait !
Cependant, 125 portraits -extraits de mairies de l’Hexagone- exhibés au G7 de Bayonne en août 2019, 100 portraits d’Emmanuel Macron brandis à l’envers par des citoyen·nes à J-100 des Municipales à Paris, pour rappeler que la France ne respecte pas l’Accord de Paris et que M. Macron continue ses beaux discours . Tant d’autres manifestations locales ont aussi exhibé ces portraits pour montrer la triste réalité à ce pouvoir de fin d’un monde.
Hélas, pour seules réponses, s’abattent un déchaînement de violences -réquisition et garde à vue, auditions – à l’encontre de citoyens écologistes non violent·es.
Pourtant les solutions sont connues à ceux/celles qui veulent bien l’entendre. Mais ne dit-on pas qu’au royaume des borgnes , les aveugles sont rois ? Ces politiques aveugles qui nous mettent dans le mur !
Traitée comme une terroriste pour cette campagne « Décrochons Macron », je suis toujours debout et déterminée pour dénoncer l’absence de politique responsable du gouvernement face aux voyants rouges sociaux et climatiques qui remettent en cause nos vies et la Vie sur Terre. Les militants de « Décrochons Macron » sont des lanceurs d’alerte. Ils n’ont pas procédé à un vol mais à une réquisition symbolique du portrait qui sera rendu au constat des actions et résultats du gouvernement.
Car nos enfants le valent bien.