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Jean-Marie Roche

En procès :

Ă€ Bourg-en-Bresse – le 28 mai 2019

TĂ©moignage :

« Je m’appelle Jean-Marie Roche.
J’ai 36 ans. Marié, 2 enfants.

Le 28 mai prochain, je passe au tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse pour avoir dĂ©crochĂ© un portrait du prĂ©sident dans la mairie de Jassans-Riottier (01).

J’ai participĂ© Ă  cette action : #SortonsMacron, pour alerter sur l’urgence climatique et surtout l’inaction de nos gouvernants.

Depuis 5 ans, je suis maraîcher bio.
Parce qu’envie d’être acteur, de changer la société, de retour à la terre, de montrer qu’on peut nourrir les gens sainement, localement.
Depuis 5 ans, je me rends compte chaque année un peu plus des effets du réchauffement climatique.
Chaque année des sécheresses plus marquées, chaque année de plus en plus de forts coups de vents.

Alors je m’informe, et je découvre que tous les sujets, sur lesquels je suis militant depuis longtemps, s’articulent autour de la question du climat . Et je découvre qu’il y a urgence ! Tellement urgence qu’on a pas le choix : on doit passer à l’action ! Alors je continue de chercher, de m’informer, je lis, je visionne… je cherche ceux qui sont actifs, ceux qui, comme moi, sont vivants et veulent le rester ! Je croise la route d’Alternatiba et ANV-COP21. Très vite on crée un groupe local, on passe à l’action… déterminée et surtout non-violente !

Et puis arrive la plus grosse pétition de l’histoire (L’affaire du Siècle) et la réponse scandaleuse du gouvernement (« on ne fera rien de plus !»). On imagine une action symbolique pour dénoncer ça : on décroche des portraits de Macron, pour symboliser son inaction, son absence, sur le plus important des sujets : la survie de l’humanité.

Et puis, la plainte du maire, la garde à vue, et bientôt le procès.
Maintenant arrive le temps où l’on communique, pour expliquer aux gens notre action et les inviter à nous soutenir.
Maintenant arrive le temps des remarques, des questions et des moqueries.
Beaucoup ne comprennent pas ou pire nient ce qui arrive à l’Homme, et au « vivant » au sens large.

Les gens me voient fatigué. Ils ont raison, je le suis :
Le stress de l’action, de la garde à vue, du procès.
Le boulot qui n’avance pas, le vent qui arrache mes bâches de serres. Les réunions nécessaires mais chronophages. Les nuits courtes. Mes enfants qui sont toujours aussi présents, et moi toujours aussi absent. Les questions qui se bousculent dans ma tête, et les gens qui me bousculent.
Tout ça me fatigue.

On me dit que c’est trop risqué , que je vais prendre pour les autres. Mais c’est encore plus risqué de rester inactif face à ce qui nous attend.
On me dit que j’ai autre chose à faire, qu’être maraîcher ça prend déjà tout mon temps : oui, j’ai des milliers de choses à faire. Mais nous sommes dans l’urgence : passer à l’action est nécessaire.
On me dit de penser à ma famille, c’est exactement ce que je fais ! Ces actions non-violentes, je les fais pour ma femme, mes enfants et tous les autres.

Et puis, heureusement, voilà le temps des sourires, des soutiens. Ceux qui me donnent plus d’énergie qu’il n’en faut (et il en faut beaucoup !).
Le temps des personnes qui comprennent ce que je fais, qui me disent : « tu as raison !», « tu es légitime !», « Merci !» ou encore : « la prochaine fois, ça sera moi ! »
Des gens qui me disent « je serai là le 28 mai ! »
Et vous le 28 mai, vous serez lĂ  Ă  Bourg-en-Bresse devant le tribunal?

Comme on dit chez Alternatiba : il faut « changer le système et pas le climat Â». Ce procès du 28 mai 2019, et tous les suivants, sont pour moi un point de dĂ©part pour ce changement. Nous allons devoir changer radicalement nos habitudes, nos vies. 
Ça va pas ĂŞtre simple, mais on a plus le choix, c’est vital ! Â»