Milan Bouchet et Kévin Jean
Cela fait des décennies que les scientifiques alertent sur la catastrophe écologique qui menace l’humanité et l’ensemble des espèces. Les appels solennels se sont succédé depuis l’Avertissement à l’humanité de 1992, signé par 1500 scientifiques dont une centaine de prix Nobel. L’an dernier, ce sont pas moins de 11 000 scientifiques issus de 153 pays qui ont signé une mise à jour de cet appel, appelant, « à une intensification des efforts dans le but d’éviter à l’humanité les souffrances indicibles dues à la crise climatique ». Les rapports du GIEC, de l’IPBES, de l’ONU s’accumulent année après année. Dans le même temps, les émissions de gaz à effet de serre n’ont cessé d’augmenter, l’artificialisation continue inexorablement à phagocyter les sols.
Quand les décideurs continuent à ignorer le mur vers lequel ils nos propulsent, les scientifiques ne peuvent plus se permettre de rester silencieux face à l’urgence et la gravité de la menace. Quel sens y a-t-il à travailler à construire des constats scientifiques, à documenter les effets des catastrophes en cours, si ce travail est ostensiblement ignoré par celles et ceux qui sont aux commandes ?
Aujourd’hui, les scientifiques sortent de leurs laboratoires pour rejoindre la rébellion.
Face au constat de la catastrophe écologique en cours, nous estimons qu’il est de notre devoir de nous engager aux côtés de celles et ceux qui désobéissent.
Nous sommes donc ensemble ici aujourd’hui pour mettre Macron et sa clique face à son bilan. Leur bilan nous le connaissons : ils revoient à la baisse les ambitions de la France dans la stratégie nationale bas carbone ; ils continuent à promouvoir des technologies superflues et énergivores comme la 5G ; ils s’entêtent dans des projets en contradiction complète avec des objectifs écologiques qu’ils affichent, comme le projet de Terminal 4 à l’aéroport de Roissy.
Jean-François Julliard
« L’État multiplie les échecs et ne trouve comme seule réponse que de repousser ses objectifs à plus tard. »
En 2019, le Haut Conseil pour le Climat avait déjà épinglé la France pour ses politiques climatiques largement insuffisantes. Depuis, l’État n’a toujours pas relevé le défi.
en 9 semaines, la France a consommé toute l’épargne carbone dont elle bénéficiait pour une année complète si elle respectait son objectif de neutralité carbone.
Il a notamment failli à respecter l’objectif de tripler la baisse annuelle de ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) d’ici 2025. Le budget carbone 2015-2018 de la France a été dépassé de plus de 4 % (72 millions de tonnes équivalent CO2 en trop). Nous l’avons également constaté le 5 mars dernier pour le Jour du dérèglement : en 9 semaines, la France a consommé toute l’épargne carbone dont elle bénéficiait pour une année complète si elle respectait son objectif de neutralité carbone. Les chiffres sont là : la France ne respecte pas ses objectifs et ne met toujours pas en œuvre les moyens pour redresser la barre.
Par exemple, la consommation d’énergie française aurait dû baisser de 7 % entre 2012 et 2018 selon les objectifs fixés dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie. En réalité, la baisse n’a été que de 0,2 %. Que fait le gouvernement ? Il reporte son objectif initial à 2023 (dans la loi énergie et climat).
Par exemple, le secteur des transports est le premier émetteur de GES en France (31 % des émissions). Ses émissions ont baissé en 2018, mais dépassent toujours de 12,6 % l’objectif fixé. En cause : des voitures neuves plus polluantes et un fret routier en hausse. Que fait le gouvernement ? Il offre 11 milliards d’euros de subventions pour les énergies fossiles, avec le secteur des transports en tête (kérozène, gazole et frêt routier dans le top 3). 11 milliards d’euros qui freinent l’essor de la transition écologique en avantageant les secteurs les plus polluants. (source du Réseau Action Climat)
Il y a un an, Greenpeace, Oxfam, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et Notre Affaire à Tous, soutenues par plus de 2 millions de personnes ont attaqué l’État en justice pour inaction climatique. C’est devant les juges qu’ils vont le rappeler : le climat n’est pas une mince affaire, c’est l’Affaire du Siècle, et il est grand temps que l’État agisse en cohérence avec l’urgence climatique.
Geneviève Azam
La politique climatique d’Emmanuel Macron est le symptôme de l’incapacité structurelle à traduire en termes politiques les alertes climatiques : les objectifs climatiques affichés sont considérés comme les dérivés »vertueux » à attendre d’une politique économique centrée sur la concurrence, la croissance, la compétitivité, les technologies « vertes » au lieu d’être les objectifs structurant les choix politiques et sociaux.
Reporter les objectifs de baisse de la consommation d’énergie en 2023, et peu importe la date du report, revient à consentir à l’accélération du réchauffement global : l’ objectif de +1,5°C pour la fin du siècle serait atteint autour de 2030 et celui de +2°C autour de 2040. Autant dire que l’Accord de Paris, brandi comme immense victoire car il contient ces objectifs pour 2100, est une enveloppe des renoncements.
Le coronavirus, avec toutes ses conséquences sanitaires et sociales, ses conséquences politiques, est plus efficace pour faire reculer la pollution que les engagements des États. C’est inquiétant.
Maxime Combes
Phrases choc à New-York et Genève, Business as usual à Paris et Bruxelles : Emmanuel Macron a contribué à approfondir la mondialisation néolibérale et climaticide.
Depuis trois ans, les phrases chocs visant à marquer l’opinion publique, nationale ou internationale, à propos de la mondialisation sont nombreuses :
=> Sur le CETA, « Je nommerai une commission d’experts (…) et j’en tirerai toutes les conséquences », y compris « faire modifier ce texte », Emmanuel Macron, le 1er mai 2017
=> « Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris ! », Emmanuel Macron, New-York, le 25 septembre 2018
=> « Je ne veux plus d’accords commerciaux internationaux qui alimentent le dumping social et environnemental », Emmanuel Macron, Genève, 11 juin 2019
Résultat, entre le climat et le CETA, Emmanuel Macron a choisi le CETA. D’abord en écartant le rapport des experts qui montraient que cet accord n’est pas climato-compatible. Puis ensuite en obtenant, en plein été et aux forceps, qu’une majorité fragilisée vote en faveur de la ratification de cet accord à l’Assemblée nationale. Alors que le Canada qui est le pire émetteur de Gaz à Effet de Serre (GES) par habitant des pays membres du G20, le CETA contribuera à aggraver le réchauffement climatique : augmentation des échanges commerciaux inter-continentaux, agriculture toujours plus intensive et émettrice de GES, plus d’extraction des énergies fossiles – en particulier le pétrole issu des sables bitumineux. Cela est contradictoire avec l’objectif de rester en-deçà des 1,5°C de réchauffement d’ici 2100.
Par ailleurs, depuis qu’il est en fonction, Emmanuel Macron a également signé, entériné ou mis en œuvre les accords de commerce et/ou d’investissement avec le Japon, Singapour et le Vietnam, qui sont autant d’accords qui ne permettent en rien de conditionner le commerce international à la réduction des émissions de GES. Dans un premier temps, Emmanuel Macron a également appuyé et soutenu la finalisation de l’accord de commerce entre l’UE et les pays du Mercosur, avant de se raviser face au rejet de cet accord, et de ses conséquences en matière agricole, sanitaire et climatique, par l’opinion publique.
Si Emmanuel Macron s’est publiquement opposé à la réouverture de négociations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne, il n’a pas su empêcher qu’elles aient lieu, ni pris d’initiative pour constituer un front de pays s’y opposant. Résultat, la Commission européenne prévoit de finaliser un mini-accord de commerce entre l’UE et les Etats-Unis ce 18 mars 2020, qui pourrait notamment affaiblir les procédures d’examen sur les demandes d’autorisation d’importation de produits OGM depuis les Etats-Unis. Ce n’est pas acceptable : en plein crise sanitaire, il est hors de question d’approfondir la mondialisation et réduire nos normes sanitaires. Emmanuel Macron doit expliciter comment il compte s’y prendre pour que cet accord ne voit pas le jour.
A l’heure où la mondialisation est mise à l’index pour ses effets sanitaires, climatiques, agricoles, sociaux ou démocratiques, il est grand temps de mettre fin à cette profusion de traités commerciaux et d’investissement en cours de négociation ou déjà entrés en vigueur. Au contraire, il est grand temps de désarmer la mondialisation néolibérale et mettre fin à l’impunité des multinationales pour déverrouiller les conditions de possibilité d’une révolution écologique et sociale qui soit à la hauteur des enjeux. Il est temps de rompre avec l’agenda de compétitivité externe de la Commission européenne et de doter les pouvoirs publics des instruments de politique économique, sociale et écologique permettant de relocaliser les activités au bénéfice du plus grand nombre et de la protection de la planète.
Jean-Baptiste Eyraud – Un toit c’est un droit !
Mauvais temps pour les locataires, les mal logés les sans abris et les organismes HLM et Eldorado pour les promoteurs, les agents immobiliers, les notaires, les bailleurs privés, les plateformes type Airbnb et les spéculateurs de tout poil…
Cela a commencé dès juillet 2017 avec le coup de rabot de 5 euros sur les APL, puis le gel de celles-ci (c’est à dire la non indexation sur l’inflation), puis les ponctions sur les HLM … Cela a continué en 2018 et devrait se poursuivre au moins jusqu’en 2022 : en effet 4 milliards d’économie seront réalisées chaque année sur le dos des 20% les moins riches du pays, les locataires, pour financer la suppression de l’ISF… Les conséquences immédiates de cette main basse sur les aides au logement des classes populaires sont la hausse des expulsions, l’abandon des quartiers populaires HLM et la baisse de la réalisation de nouveaux HLM.
Puis il y a eu en 2018, notamment, la loi ELAN sur le logement, qui va pourrir la vie à de nombreux locataires, futurs locataires et précaires. Le bail mobilité, introduit par cette loi, autorise les bailleurs privés à louer pendant une période courte de 1 à 8 mois. Il fait la soudure entre la location Airbnb et Co et le bail étudiant de 9 mois. C’est le bail précarité par excellence, une atteinte généralisée à la stabilité du logement, condition indispensable pour vivre en société et construire des projets de vie. Une génération valise s ‘annonce, ballottée entre le bail mobilité, les locations temporaires sur plateforme, le canapé chez les potes ou la famille et le spectre de la rue. De nombreuses autres dispositions régressives ont été placées dans ce texte de loi, en imposant la vente de HLM, nouvelles étapes dans le processus de marchandisation du logement.
Fin 2019, la loi « Engagement et Proximité » renforce les pouvoirs du maire avec des mesures régressives comme par exemple la condamnation à une astreinte allant jusqu’à 500€ par jour, délivrée par le maire, à l’encontre de toute personne qui s’installerait pour vivre sur un terrain non constructible lui appartenant, que ce soit dans une cabane, un véhicule, une tente ou un mobil home … Ils et elles sont déjà des dizaines de milliers. La chasse est ouverte dans les campagnes contre les précaires, les voyageurs ou les alternatifs qui s’essaient à vivre en respectant leur environnement. Le bétonnage des côtes est rendu possible, les expulsions sans relogement des locataires en impayé de loyer est facilité….
Sous Macron, les profits tirés de la spéculation immobilière, de la hausse des loyers, de l’épuration sociale des quartiers populaires se sont envolés, tandis que la production de logements et les réhabilitations, marquées par une lente dégradation de leur qualité, annoncent la généralisation de l’obsolescence programmée dans le BTP.
À l’opposé de ces politiques qui entraînent une aggravation inexorable de la crise du logement et de ses effets les plus graves au plan humain – hausse du nombre de sans-abris, d’expulsions, de personnes en situation de surpeuplement ou de précarité- une autre politique du logement est possible conciliant le respect du droit de chacun.e à vivre dans un logement décent, autonome, stable, bon marché, et l’impérieuse nécessité de préserver la planète, ce qui en est le fruit et les générations futures.
Dans l’urgence, bien sûr, il faut réquisitionner les logements vacants dans les zones tendues pour les sans-abris, cesser d’expulser, financer la réalisation de logements sociaux, encadrer les loyers à la baisse, rétablir les APL, imposer lourdement les plus-values immobilières et foncières, construire et habiter sans dégrader la planète …
C’est pourquoi les mouvements du logement dans 21 pays européens se sont associés pour se mobiliser tous ensemble le 28 mars 2020 afin de faire face aux expulsions, au logement cher, à la spéculation, aux profiteurs et aux exploiteurs de la crise du logement.
Priscillia Ludosky
Élu par défaut et par la majorité de la minorité des électeurs, nous avons un président qui refuse de reconnaître que le système de représentativité actuel est obsolète. Qui refuse d’entendre la voix qui s’élève dans la rue depuis plus d’un an maintenant, celle d’un échantillon représentatif de la population qui se bat contre les inégalités sociales, les discriminations et les violences policières. Une voix immédiatement soutenue par 82 % de la population à son plus haut niveau de soutien avant que membres du gouvernement et médias traditionnels viennent saboter notre message.
Nous avons un président qui refuse le dialogue et la confrontation orale. Un président qui a refusé de recevoir en mains propres les résultats de la plus grande consultation citoyenne jamais réalisée dans le cadre du mouvement des gilets jaunes : le VRAI DÉBAT. Soit 25 000 propositions collectées en 33 jours , 1 million de votes, 59 revendications, les plus plébiscitées. Coût 4000 euros. Les Médias n’en parlent pas, les élus non plus et encore moins les membres du Gouvernement. Alors que le grand débat réalisé dans des conditions troubles et manipulé, n’a toujours pas été analysé, les cahiers de doléances ont disparu et cela nous a coûté à tous 12 millions d’euros.
Nous avons un président qui désinforme et use de stratagèmes pour manipuler l’opinion publique. Qui ne parle pas à la population de l’existence de la Convention Citoyenne pour le Climat et de son origine : une initiative citoyenne née du travail collectif d’acteurs de la société civile tels que gilets jaunes, chercheurs, défenseurs des innovations démocratiques, militants pour l’écologie et bien d’autres.
Un président qui refuse de prendre en compte les alertes des corps intermédiaires, les alertes de L’ONU, de la Ligue des droits de l’homme ou encore d’Amnesty International. Et donne carte blanche au Ministère de l’intérieur qui utilise à sa guise les forces de l’ordre pour exercer une répression inédite et jusqu’à lors pratiquée en toute discrétion dans les quartiers populaires.
Un président qui a voulu opposer fin du monde et fin du mois pour nous diviser.
Un président qui donne des conseils aux pays étrangers, dans le déni de ce qui se produit sur son propre sol. Un président qui brille par son inaction ne mérite pas son poste.
Hugo Huon et le Collectif inter-urgence
Après un an de mobilisation hospitalière le gouvernement maintient sa position : la réduction des dépenses publiques prime sur la santé des citoyens.
Un objectif du gouvernement est de réduire le ratio dépenses publiques/PIB pour pouvoir diminuer le taux de prélèvements obligatoires tout en déclarant un solde excédentaire. Cette modération, dans un contexte d’augmentation naturelle des soins, peut s’opérer par trois leviers : la modération des salaires, l’augmentation de la productivité et la dégradation financière des établissements, particulièrement dans leurs investissements. A titre d’illustration, les effectifs ont augmenté de 2,3% entre 2010 et 2017 tandis que la production de soins a augmenté de 14,6%. Le pouvoir d’achat des salariés a en parallèle diminué de 0.8% entre 2009 et 2015[1]. Ainsi, les salariés de l’hôpital public travaillent toujours plus pour gagner moins.
En parallèle la population fréquentant les services d’urgences a doublé en l’espace de vingt ans, à l’instar des autres pays de l’OCDE. Dans le même temps les effectifs n’ont pas suivi et les locaux sont devenus inadaptés. L’hôpital a fermé 70 000 lits d’hospitalisation complète en quinze ans alors même que le virage démographique engendre une forte augmentation à venir de personnes polypathologiques et dépendantes dans leurs actes de la vie quotidienne. Le nombre de médecins généralistes diminue et l’accès aux soins en ville devient le parcours du combattant.
La pauvreté a augmenté de plus de 50% en l’espace de dix ans. Les effets de saturation entraînent une diminution de la qualité des missions de service public : temps d’attente démesurés, abandon des principes de dignité et de confidentialité, absence de communication aux accompagnants… sont autant d’éléments émergés de l’iceberg des services saturés. Dans le même temps, les populations les plus vulnérables sont les premières victimes à bas bruit de cette intensification du travail : surmortalité, restriction abusive des libertés, refus de soins. La norme d’un mode de gestion dégradé à tous les étages entraîne une crise de sens chez les soignants, dont le recrutement est rendu de plus en plus complexe.
Les revendications portées depuis un an sont simples : il nous faut plus de lits pour prendre soin des malades, donc plus d’effectifs au chevet des patients, ce qui passe par plus de salaire pour mieux recruter. Revendiquer les trois revient à revendiquer une revalorisation globale des dépenses hospitalières.
Bilan Acte 1 : Emmanuel Macron n’avait pas de plan santé dans son programme présidentiel. Chaque plan proposé sur l’acte I l’a été en réaction à une crise : crise des EHPAD, de la Psychiatrie, des Urgences, de l’Hôpital…
Le poids de la technostructure n’est pas remis en question, le budget continue d’être sous évalué, les corps intermédiaires et la parole des personnels sont niés, la Ministre démissionne en pleine crise sanitaire… La gestion politique de cette crise hospitalière aura été rocambolesque de bout en bout. C’est d’autant plus dommageable d’apporter des réponses de forme, des effets d’annonces sur des demi-mesures, quand c’est la vie des patients qui se joue pendant ce temps. De l’avis même de notre tutelle, seul Emmanuel Macron peut débloquer une situation verrouillée depuis le début par Matignon. Après un an de mobilisation hospitalière le gouvernement maintient sa position : la réduction des dépenses publiques prime sur la santé des citoyens. Une analyse sera faite a posteriori de l’épidémie en cours pour arguer de la désorganisation du système de santé et ses conséquences sur les patients, fruits, après un an d’alerte, des choix politiques de la majorité.
[1] Pierre-Louis Bras, L’ONDAM et la situation des hôpitaux publics depuis 2009, Agora, Les tribunes de la santé n°59, Hiver 2019.
Tom Baquerre – Collectif Stop Monsanto-Bayer et l’agrochimie
En novembre 2017, Emmanuel Macron avait pris l’engagement d’interdire le glyphosate dans les 3 ans au plus tard. Pourtant dès 2018, le gouvernement a refusé d’inscrire cette interdiction dans la loi, provocant un scandale national. La raison invoquée de faire confiance à l’agrochimie pour sortir du glyphosate s’est évidemment révélée fallacieuse puisque le lobby de l’agriculture industrielle n’a jamais souhaité sortir des pesticides de synthèse.
En janvier 2019, Emmanuel Macron a définitivement renoncé à sa promesse en avouant que le glyphosate ne sera pas interdit en 2021 pour tous les usages. La FNSEA s’est réjoui de cette décision qui prouve une fois de plus les renoncements du président de la République sur cette question.
De plus, les ventes de pesticides en France ont augmenté de 24% entre 2017 et 2018 alors que les plans Ecophyto prévoyaient une baisse de 50% de l’usage des pesticides d’ici 2025 ! Le gouvernement reste soumis au lobby agrochimique et ne montre aucune volonté réaliste de sortir du monde des pesticides.
Nicolas Girod
Les politiques médiocres et néfastes du gouvernement Macron n’ont fait qu’alimenter l’agrobusiness qui tire les fils d’un système qui sert uniquement ses intérêts, gaspille de manière insouciante nos ressources, détruisant nos paysages et vidant nos campagnes. Ce système nous mène tou.te.s contre un mur. Il n’est pas seulement inéquitable : il est mortifère et nous le dénonçons.
Nous voulons que l’agriculture paysanne se généralise. Et pour que ça ait lieu, nous avons besoin d’un autre modèle économique et d’une Politique Agricole Commune qui engage sérieusement et honnêtement les transitions nécessaires. Nous voulons plus de moyens pour plus de paysans !
Monique Pinçon-Charlot
La désobéissance civile, surtout lorsqu’elle est non violente et assumée, comme avec les décrochages des portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies, constitue une forme de résistance légitime en réponse à l’illégitimité d’un État devenu, encore plus depuis qu’ Emmanuel Macron est à l’Élysée, un instrument d’enrichissement et de légitimation des capitalistes.
L’Etat-Providence, constitué après la seconde guerre mondiale, grâce au poids des organisations politiques de la classe ouvrière et notamment du Parti Communiste et de la CGT, a été peu à peu détruit par une oligarchie revancharde, au profit d’un État néolibéral au service des plus riches.
Le dérèglement climatique s’inscrit dans la montée d’un capitalisme du désastre, de la stratégie du choc, comme l’a si justement développé Naomi Klein en 2007. Le chaos, c’est aussi la dérégulation des marchés financiers, la corruption consubstantielle de l’oligarchie, la dévaluation du pouvoir politique et de démocratie, la destruction des souverainetés nationales afin que les multinationales soient, comme le renard, libres dans le poulailler planétaire. Le chaos c’est encore la mise à mal du droit du travail, la manipulation de la pensée, de la parole au profit du mensonge et des contre- vérités envahissantes dans la presse des milliardaires. Le chaos c’est la déshumanisation généralisée avec la transformation du citoyen en consommateur. Un consommateur ne se rebelle pas, il ne demande rien d’autre que de consommer davantage. Le chaos ce sont les violences policières pour protéger les plus riches et non plus le peuple, le chaos c’est l’instauration de la peur, pour tétaniser, sidérer, rendre impuissant face à une telle charge émotionnelle et rendre impensable l’idée même du changement !
Eh ! bien, c’est raté pour aujourd’hui, on est là debout et unis dans la résistance pour sauver la partie la plus pauvre de l’humanité qui n’a pas, qui n’aura jamais les moyens de se protéger contre les feux géants, les ouragans, les inondations ni de faire face aux pénuries de nourriture saine et d’eau potable.
Votre combat est légitime, puisqu’il s’inscrit dans ce qui ressemble bien à un crime contre l’humanité !
Audrey Boehly
Nous participons ce vendredi 13 mars 2020 à l’action des décrocheurs de portraits pour dénoncer non pas l’inaction climatique, déjà coupable, du gouvernement, mais son soutien à l’aggravation dramatique du problème en autorisant l’extension de l’aéroport de Roissy, véritable bombe climatique aux portes de Paris.
Ce projet, qui prévoit la construction d’un nouveau Terminal 4, augmenterait de 40 millions le nombre de passagers par an, soit l’équivalent de l’aéroport d’Orly, et émettrait 15 millions de tonnes de CO2eq par an. A lui seul, il ferait de Roissy le premier aéroport du monde, et avec 20% des émissions, le premier contributeur au réchauffement climatique en France à l’horizon 2037.
Dans un courrier adressé en octobre dernier au président de la République et signé de 18 associations dont Alternatiba ANV-COP21 Paris, les Amis de la Terre, Greenpeace, France Nature Environnement et Youth for Climate IDF, nous demandons à E. Macron l’annulation de ce projet pour cause d’urgence climatique. 100 maires ont également envoyé une lettre à M. Macron pour lui demander de retirer ce projet.
Développer le trafic aérien, alors que l’avion est le mode de transport le plus émetteur de gaz à effet de serre, est incompatible avec les engagements climatiques de la France. Le jugement britannique contre l’extension à l’aéroport d’Heathrow, en faisant référence aux accords de Paris, montre que ce type de projet est désormais dépassé face à l’urgence écologique. Suite à ce jugement, Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat, a déclaré : “Le gouvernement doit mettre les objectifs climatiques au cœur de toutes les grandes décisions. S’il ne le fait pas, il risque de ne pas atteindre la neutralité carbone, avec des conséquences dévastatrices pour le climat et la stabilité. Je suis soulagée que ce soit enfin reconnu par la loi.” Le Haut conseil pour le climat avait déjà alerté sur le fait que des infrastructures comme les extensions d’aéroport sont « susceptibles de verrouiller notre économie dans un chemin incompatible avec la neutralité carbone. »
Le projet d’extension de Roissy n’est que la partie immergée de l’iceberg : en France, une quinzaine d’extensions d’aéroport sont prévues. Nous demandons à l’État de stopper ces extensions d’aéroport et de favoriser le développement du train et du train de nuit comme alternative à l’avion sur des trajets jusqu’à 1500 km, comme le fait par exemple l’Allemagne avec un plan ambitieux de 80 milliards d’euros. Il est urgent que la France mette en place une politique de transport adaptée aux enjeux climatiques.
Mélina Dufraigne
Depuis des années , nous nous battons pour maintenir le train des primeurs entre Perpignan et Rungis . Le Marché International de Rungis est un marché d’intérêt national . C’est aussi le plus grand marché de produits agricoles au monde . C’est le ventre de Paris. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, 140 000 tonnes annuelles de fruits et de légumes arrivent à Rungis. Depuis 40 ans, 25 wagons frigorifiques, l’équivalent de 50 camions, transitent par ce train des primeurs transportant , fruits et légumes provenant d’Espagne, du Maroc et du sud de la France .
Après être passé de 3 à 2 puis un train quotidien , aujourd’hui ce train ne circule plus !
Alors que le ferroviaire transportait dans de bonnes conditions économiques et environnementales , une part importante des fruits et légumes de Rungis , 1er marché européen, l’offre SNCF s’est détériorée pour arriver aujourd’hui à un abandon complet programmé d’une desserte d’intérêt public. Tout cela malgré des dizaines de millions d’euros investis à Perpignan comme à Rungis et l’intérêt d’un outil tout intégré précurseur comme Saint Charles et le MIN de Rungis .Outre la raison fallacieuse ( « wagons trop vieux « ) et le mode opératoire choisi par FRET SNCF , l’enjeu de cette liaison va bien au-delà de l’arrêt d’une seule circulation .
Nos craintes étaient fondées , la suppression du Train des Primeurs était actée le 30 juin 2019. Une convergence des luttes (syndicale politiques, citoyens et asso environnementale ) a permis de repousser l’échéance de sa disparition dans un second temps au 15 juillet 2019 , malgré différentes déclarations ministérielles la reprise de la circulation annoncée pour le 1er novembre 2019 n’était qu’un nouvel enfumage gouvernemental .
Comme nous ne cessons de le dire , seul le train « conventionnel « peut actuellement partir de Saint Charles pour Rungis , en partant aux heures demandées par les transporteurs et arriver aux heures imposées par les grossistes de Rungis. Alors , maintenant que les wagons incriminés pour justifier l’arrêt du Train des primeurs sont révisés et qu’ils peuvent circuler, pourquoi ne pas les utiliser ?
Il s’agit là d’une position de nos gouvernants pour éliminer le service public ferroviaire et répondre à la sacrosainte loi de la libéralisation du fer . Pourtant, c’est un enjeu essentiel pour l’avenir même de l’ humanité. L’ensemble des transports représentent 60 % des émissions des gaz à effet de serre. Pour ce qui est des marchandises , laissé à l’auto-régulation du marché , c’est du tout camion. La part modale routière ne cesse de croître au détriment du ferroviaire de 14 % en 2006 à 7 % . Cette stratégie ne répond pas à l’URGENCE CLIMATIQUE . Ce train est l’illustration des choix politiques pris pour le ferroviaire dans notre pays , mais aussi des choix stratégiques de la part de la SNCF , comme par exemple la suppression des trains de nuit « Port Bou Cerbère – Paris « .
La SNCF n’est plus un « fleuron « du service public de l’Etat français mais une société privée depuis janvier 2020 !
L’état français doit repenser globalement sa stratégie concernant le fret ferroviaire ( 250 000 tonnes de fret par jour ) public comme un outil au service du développement économique et de la préservation de l’environnement ( ex facilité le transport des marchandises des agriculteurs locaux ) . Recréer une complémentarité entre les différents transports routier et ferroviaire ; Encourager et financer les entreprises vertueuses selon leur mode de transport ;Repenser le transport des voyageurs , arrêter la suppression des petites lignes soit disant non rentables . Développer les lignes de proximité voyageurs . Remettre en service l’offre train de nuit !
Un train équivaut à 30 ou 40 camions ; Soit 14 fois moins de CO2 dans l’air ; 6 fois moins d’énergie consommée !
L’URGENCE CLIMATIQUE et ENVIRONNEMENTALE est là : faisons le choix du TOUT train pour la planète !
Hocine Yahiaoui – Les amis de la nappe d’Albien
Les larmes du sable
Le Sahara avance de 10km par an. Dans 60 ans, il sera à Alger. Cette désertification vient s’ajouter aux effets catastrophiques et irréversibles de l’exploitation du gaz de schiste dans le sud algérien pour créer une situation critique qui menace les populations locales et les équilibres régionaux.
L’urgence climatique n’est plus une théorie futuriste mais une réalité critique, perceptible par les plus fragiles et grandissante pour tous. Cette crise climatique ajoutée à certains choix politiques et économiques, est en passe de créer les premiers réfugiés climatiques aux portes de l’Europe.
En effet, l’avancée du Sahara et l’exploitation du gaz de schiste vont engendrer des conséquences irréversibles sur la terre et les populations. Les femmes et les enfants sont les premières victimes de cette catastrophe :
– Amoindrissement et pollution des réserves d’eau de la nappe de l’albien (plus grande réserve sous-terraine d’eau douce du monde) avec des conséquences directes sur l’agriculture familiale (souvent tenue par des femmes) ;
– Augmentation des risques sismiques dans des zones déjà à risque, du fait de la fragmentation hydraulique ;
– Perturbation des équilibres et des modes de vie dans des zones déjà fragilisées par un climat aride et des économies locales en souffrance.
Ajoutée aux effets de la désertification, l’exploitation du gaz de schiste en Algérie va assoiffer les hommes, faire trembler la terre et déplacer les populations. Cette économie du court terme aggrave le présent et crée les crises de demain. Le peuple algérien, au travers de son hirak pacifique, humain et construit sur des revendications de liberté, d’égalité et de démocratie, a compris cette urgence et intégré l’interdiction du gaz de schiste dans ses revendications premières.
Nous avons besoin de l’aide de l’Europe et de la France pour mettre fin à l’exploitation du gaz de schiste par Total en Algérie. La France de la Cop 21 et des nouveaux défis environnementaux doit trancher avec la France d’hier qui a cautionné des régimes autoritaires, sourds aux revendications populaires et urgences environnementales.
Il s’agit d’économie et de politique mais aussi et surtout d’humanité partagée et de valeurs communes. C’est l’honneur de la France et de sa tradition humaniste centrée sur les droits de l’homme et les lumières, que d’accompagner les développements locaux soucieux des populations fragiles et respectueux de la terre.
Monsieur Le Président, l’exploitation du gaz de schiste n’est ni une économie viable, ni une énergie d’avenir. C’est une agression contre la terre, les hommes et l’avenir.
Nous vous demandons d’être au rendez-vous du climat, hommes et de l’histoire pour les deux continents. L’Afrique a besoin de l’Europe qui a besoin de l’Afrique. Nous croyons en la France, nous croyons en l’homme.
Patrick Monier
Les incohérences ne s’arrêtent pas aux hydrocarbures. A la Montagne d’Or en Guyane, là aussi, Macron joue le chaud et le froid. S’il juge devant les caméras ce projet “incompatible avec ses ambitions écologiques”, il n’a toujours pas refusé la prolongation des concessions…une façon de laisser le dossier ouvert. La population guyanaise majoritairement opposée à l’extractivisme minier n’est pas dupe et a connaissance d’ études lancées pour l’acceptation sociale de cette industrie inutile et mortifère. Elle sait la demande de création de routes sur fonds publics au seul bénéfice des industriels de l’or pendant que d’autres cabinets étudient l’impact de barrages hydroélectriques en milieu amazonien pour fournir les miniers en énergie ou travaillent sur des plans d’un port en eau profonde et zone de stockage classée SEVESO pour les milliers de tonnes de produits nécessaires à l’industrie minière, dont le cyanure entre autres et les explosifs.
Derrière le projet de la Montagne d’or, le Peuple sait que le gouvernement distribue de nombreux permis et qu’a l’heure actuelle près de 25 multinationales ou très grosses entreprises se partagent 360 000 hectares de forêt primaire encore en très bon état d’après les scientifiques. Les 25 ruptures de barrages en 20 ans à travers le monde ne servent pas de leçon à ces criminels en puissance. Au Brésil, à Mariana en 2015, et à Brumadhino en 2017, des dizaines de morts, des villages détruits, des fleuves pollués pour des décennies, Mr Macron alors ministre de l’économie et maintenant Président de la République ne peut l’ignorer.
A contrario l’État se montre impuissant a endiguer la nuisance de milliers de garimpeiros qui polluent les cours d’eau de Guyane au mercure mettant en danger la santé et la sécurité de toutes les premières Nations. En 1914, en 1939, devant une menace qui mettait le Pays en grand danger, les gouvernements ont su décréter la mobilisation générale.
En 2020, c’est la planète toute entière qui est menacée et qui doit se mobiliser de façon pacifique, courageuse et généreuse. Si Mr Macron reste sourd aux demandes des citoyens qui exigent un changement radicale de paradigme, il restera dans l’Histoire comme le Président des Pollueurs.
Clotilde Bato
Une politique peu ambitieuse et pas à la hauteur des enjeux écologiques, économiques, sociaux et sanitaire actuels.
En octobre 2018, le gouvernement publiait la loi pour l‘Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite Loi EGalim (issue des Etats Généraux de l’Alimentation)
Après les reculades du gouvernement sur ses propres engagements :
- Refus d’inscrire la fin du glyphosate dans le texte et recul cumulé sur le retrait du glyphosate
- Échec de la montée en gamme de l’agriculture via les plans de filières peut-être détailler ce que sont les plans de filières pour les non-initiés ?
Ce texte – hormis quelques avancées sur la sécurisation des relations commerciales, l’adoption d’un fonds pour les victimes de pesticides financé par les fabricants de ces produits et une restauration collective plus responsable – ne répond quasiment plus à l’objectif pointé dans son intitulé : « pour un équilibre dans les relations commerciales et pour une alimentation saine et durable ».
Pour le revenu des agriculteurs, pas d’amélioration en vue
D’un point de vue économique, le rapport de force reste encore défavorable aux agriculteurs au profit de la transformation et de la grande distribution : « un chèque en bois pour les agriculteurs »
Ils demandent l’abandon immédiat du relèvement du Seuil Revente à Perte et l’instauration d’un véritable rééquilibrage des négociations en faveur des acteurs agricoles, notamment par la publication des marges de la distribution et de la transformation, l’application de sanctions en cas d’achat des produits agricoles en-dessous de leur prix de revient pour les agriculteurs et la mise en place d’accords tripartites producteurs-industriels-distributeurs. Sans oublier le CETA et tous les accords de libre-échange qui mettent les agriculteurs français face à une concurrence déloyale avec des produits importés ne respectant pas la même intensité de normes sanitaires et environnementales.
Pour la transition écologique, une dynamique au point mort
Que ce soit sur la sortie des pesticides, le bien-être animal ou la protection du climat et de la biodiversité, une politique de transition sans ambition, à l’image des EGA.
Exemples :
- Pas de réelles mesures incitatives ambitieuses telles que les aides à la transition vers des systèmes économes en pesticides et des aides à l’agriculture biologique
- Pas feuille de route claire de la sortie des pesticides : Avec le plan EcoPhyto, le gouvernement s’était pourtant engagé à réduire de 50% l’utilisation des pesticides en France en 10 ans. A la place, l’épandage des pesticides a augmenté de 25 % !
Le comble : la demande pour des produits bio est en forte hausse depuis quelques années, +15,7% entre 2017 et 2018, à tel point que la France est obligée d’importer des produits pour répondre à la demande. Ainsi, la part de l’alimentation issue de l’agriculture biologique produite hors de France est passée de 29 % à 31 %. Ce décalage entre la demande des français-e-s à manger des aliments sains produits dans des conditions environnementales pérennes et l’augmentation des pesticides illustre bien l’échec du gouvernement à répondre aux attentes de la population.
- Sur le sujet du bien-être animal, le texte a très peu fait évoluer les pratiques. Le projet de décret sur l’interdiction des poules pondeuses en cages, maigre avancée de la loi, limite de façon inquiétante la notion de réaménagement aux seuls élevages qui augmenteraient leur capacité de production.
- Sur l’alimentation : la suspension de l’additif dioxyde de titane (E171) dans les produits alimentaires en France est une des trop rares mesures prises. Le reste est insuffisant : le Nutriscore, logo unique pour informer les consommateurs au premier coup d’œil sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires a bel et bien été mis en place mais sans obligation d’utilisation.
- Sur la question foncière : maintes fois annoncé puis reporté, le projet de loi sur le foncier agricole se fait toujours attendre alors que la France est face à une bétonisation massive des terres agricoles et ce malgré les multiples interpellations de la société civile. Pourtant sans nouvelle loi, la destruction des espaces naturels se poursuivra à un rythme insoutenable, la concentration des terres se poursuivra au profit d’une agriculture industrielle qui uniformise les paysages, vide les campagnes de leurs habitants et marginalise une agriculture plus respectueuse des humains et de l’environnement.
Dans le même temps, le gouvernement occulte le vrai débat : la nécessité vitale de changer de modèle agricole.
Avec la décision de créer une cellule de renseignement policier et judiciaire pour surveiller militants animalistes et écologistes opposés à l’agriculture industrielle, dans un contexte où les critiques contre les pesticides et l’élevage industriel qui questionnent le modèle agricole dominant ont de plus en plus d’écho dans la société civile.
Pour collecter ces informations, la gendarmerie s’appuie sur une initiative du ministère de l’agriculture : des observatoires de l’agribashing en création dans chaque département, appuyé par la FNSEA. Les animalistes sont en première ligne, mais les associations et militants critiques du système agricole dominant sont aussi concernés.
Un espoir dans la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) ?
La France, première bénéficiaire des fonds de la PAC, est très mobilisée dans les négociations européennes pour la défense du budget de cette politique et pour améliorer l’ambition environnementale de la prochaine PAC. La France est toutefois claire sur le fait qu’elle ne s’appliquera pas à elle-même cette hausse d’ambition si elle n’obtient pas son inscription dans les textes au niveau européen.
Au niveau national cependant, un débat public est organisé sur la mise en œuvre de la prochaine PAC en France. Ce débat public représente une réelle opportunité pour recueillir l’avis des citoyens sur l’orientation qu’ils veulent donner au modèle agricole et alimentaire du pays. Sur la base de ce débat public, la France pourrait ainsi faire de la prochaine PAC un levier majeur pour impulser la transition agroécologique du secteur agricole
La décennie qui s’ouvre est celle de tous les enjeux : la transition agricole en est plus que jamais un élément clé.
Marie Bohl
Un naufrage démocratique
Lorsque l’on travaille sur la déconstruction de tous les mécanismes de violence, comme nous le faisons au Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), il est difficile de choisir par quoi commencer pour faire le bilan d’Emmanuel Macron. Dans notre communiqué du 7 juillet 2019, nous posions la question « Sommes-nous toujours dans un État de droit ? ». Il nous semble que la politique d’Emmanuel Macron sape assidûment tous les piliers de notre démocratie.
En premier lieu le principe d’égalité. Par ses nombreux propos teintés de mépris de classe, Emmanuel Macron diffuse l’idée d’une citoyenneté à étages : « Les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». Ces petites phrases chocs peuvent paraître dérisoires et anecdotiques. Elles le seraient sûrement si elles ne sortaient pas de la bouche de l’homme élu pour représenter et guider de son mieux l’ensemble du peuple français. Lorsque le Président de la République assimile les grévistes à des fainéants ou méprise ouvertement les personnes s’indignant de la baisse des APL, il légitime un mépris de classe, une fracture sociale croissante dans notre pays. Il incarne cette violence sociale qui voudrait que notre droit au respect soit proportionnel à notre compte bancaire.
Cette citoyenneté à étages est extrêmement visible dans le bilan de la politique migratoire d’Emmanuel Macron. Dans le cadre des demandes d’asile, les lois pourtant déjà dures ne sont pas toujours respectées : un demandeur d’asile sur deux n’est pas hébergé alors que c’est son droit, des familles avec enfants sont obligées de dormir dans la rue faute de places, et pourtant le gouvernement a annoncé qu’aucune place supplémentaire ne sera créée en 2020. Pour les personnes déboutées, elles peuvent maintenant être enfermées jusqu’à trois mois en centre de rétention dans des conditions proches du milieu carcéral. Pour quels crimes ? Des personnes malades n’y reçoivent pas les soins nécessaires et des enfants y séjournent au mépris des conventions internationales.
De par son attitude et sa politique, Emmanuel Macron bafoue le principe d’égalité et du respect inconditionnel des droits de chacun·e.
Par ailleurs, la manière de gouverner de notre Président met à mal le fonctionnement même de notre démocratie en nous privant de la richesse de nos désaccords et du pouvoir de l’intelligence collective. En imposant l’enchaînement et la superposition de réformes majeures à un rythme effréné, le gouvernement ne laisse pas l’espace nécessaire au débat démocratique. Ce matraquage de mesures rend difficile pour les citoyen·nes de suivre tous les sujets importants pour eux et de se faire un avis éclairé et construit. Cela renforce la rupture entre la population et leurs représentants alors qu’il nous faudrait au contraire construire ensemble un véritable projet de société pour répondre aux urgences climatique et sociale. Ce gouvernement refuse le conflit, lorsque celui-ci apparaît la réponse est toujours la même : écraser l’opposition, qu’elle soit politique ou citoyenne, étouffer le désaccord. Pourtant le conflit est une opportunité de progrès pour la société, il pointe du doigt les tensions dans le système et permet en confrontant les points de vue, les besoins et intérêts de chacun·e de construire une meilleure solution.
Ce choix de la domination est manifeste dans la politique du maintien de l’ordre mise en place par Emmanuel Macron. Des gilets jaunes, aux quartiers populaires, en passant par les activistes climat gazés sur le pont de Sully et ceux assimilés à des terroristes parce qu’ils ont décroché son portrait, notre chef d’Etat n’a qu’une réponse : la force et la violence. Aujourd’hui il n’est quasiment plus possible de manifester, que ce soit pour la loi travail, les retraites, le climat et même l’égalité des droits entre hommes et femmes. Manifester aujourd’hui, c’est se mettre en danger. En France, en 2020.
En donnant aux forces de l’ordre « carte blanche », Emmanuel Macron et son gouvernement viennent scier le principe même de l’État de droit dans lequel tout le monde, sans exception, se doit de respecter la loi. Malgré les preuves nombreuses de non-respect des règles d’engagement pour les LBD et les lacrymos, de non-respect de l’exigence de proportionnalité, malgré des condamnations de la part des Nations Unis et de l’Europe, on constate une criante absence de sanctions fortes et significatives. Emmanuel Macron refuse même que nous parlions de violence policière – refusant là encore la discussion. Et son secrétaire d’État, Laurent Nunez qui nous explique que « la violence d’État, c’est une violence qui est légitime ». En démocratie, l’État détient effectivement le monopole de la violence légale au titre de sa fonction régalienne de garantie de l’ordre public. Mais légalité ne vaut pas légitimité, et tout particulièrement lorsque l’État utilise cette violence légale en infraction avec ses propres règles.
Pour finir, la politique d’Emmanuel Macron s’attaque au principe de solidarité, pilier de notre système social. Cette politique c’est l’ultralibéralisme à visage découvert : le profit privé comme unique horizon, et le lien social ainsi que nos valeurs fondamentales d’égalité, liberté et fraternité relégués à la marge. Nos biens communs sont assimilés à des charges, des coûts, un poids qu’il faut absolument réduire.
Notre Président ne s’en cache pas, la politique est au service de l’économie avant tout, c’est la « Start-up Nation ». Son mandat l’incarne bien plus que n’importe quel président avant lui : fini l’idéal d’un président au-dessus des partis et clans politiques, au service du bien commun ; maintenant c’est au service des élites économiques. Cela se concrétise par la poursuite et l’accélération du démantèlement des services publics (éducation, transport, santé…) – dont on voit pourtant l’importance et la richesse face à l’épidémie de coronavirus par exemple.
Macron est en train de détricoter fil par fil tout ce qui fait société et met en place une politique publique de la violence et de la domination. Voilà son bilan.
Fatima Benomar
“L’égalité femmes-hommes : la grande cause du Quinquennat sans résultats !
Macron et les droits des femmes : Il nous avait dit que l’égalité femmes-hommes sera la grande cause nationale de son quinquennat !
Dans un pays où 78% des victimes de violences sexuelles ne se signalent pas aux autorités, où une plainte met 3 mois à atteindre un procureur, où une instruction pour violences conjugales dure 17 mois, où une ordonnance de protection est délivrée en 42 jours en moyenne, où la grande majorité des plaintes sont classées sans suite, où 1% des violeurs condamnés… Nos attentes étaient immenses.
À plus de la moitié du mandat, quel est le bilan ? Plus de féminicides ! Une victime de féminicide sur 3, tuée en 2018, avait porté plainte en vain. L’Inspection générale de la Justice remet en cause l’utilité même de porter plainte. Le Conseil de l’Europe pointe les graves lacunes de la France dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Nous avions réclamé des mesures simples : Plus d’ordonnances de protection, plus de places d’hébergement, des commissariats qui prennent les plaintes, un plan de détection des victimes dans les hôpitaux, un programme contre le sexisme à l’école. En réponse, nous avons eu un Grenelle, et nous n’avons pas eu les moyens réclamés.
Schiappa a annoncé une augmentation significative du budget. Fake-news et reFake-news ! On est la grande cause nationale, avec le plus petit budget de l’état.
Macron nous avait aussi promis un âge minimum de consentement, au-dessous duquel on ne peut juger qu’une enfant était consentante à un rapport sexuel avec un adulte. Hélas, la loi contre les violences sexuelles de 2018 est revenue sur sa promesse, dans un pays où la Justice peut partir du principe que des fillettes de 11 ans peuvent être consentantes à des rapports sexuels avec des adultes inconnus.
Le Premier Ministre a osé prétendre que « les femmes seront les grandes gagnantes de la réforme des retraites à points » !
En France, le tiers des femmes actives sont en temps partiel. La moitié des entreprises ne respectent pas l’obligation d’avoir un accord professionnel dédié. Les femmes partent plus tard à la retraite en galérant à trouver une embauche, ou partent avec des pensions plus basses. Or le nouveau système de retraites va tenir compte de la totalité de la carrière au lieu des 25 meilleures années pour calculer la pension, ce qui va les enfoncer encore plus.
Schiappa avait assuré aussi les femmes de chambre de son soutien et de sa mobilisation pour améliorer leur condition. Les femmes de chambre de l’hôtel Ibis, en grève depuis juillet 2019, n’en ont pas beaucoup vu les effets.
Enfin, alors que l’égalité femmes-hommes est censé être la grande cause nationale, nous avons eu droit aux violences des forces de l’ordre lors de la marche féministe nocturne du samedi 7 mars : femmes traînées de force dans le métro, matraquées, tirées par les cheveux ou les vêtements, charges musclées et bains de lacrymogène, tout ça la veille de la Journée internationale des Droits des femmes ! Parmi les neuf militantes interpellées, aucune ne fait l’objet de poursuites. Si aucune n’a commis de violences susceptibles d’être poursuivies, pourquoi avoir réprimé le cortège ?